Mozaïk RH : favoriser l’embauche des jeunes des quartiers populaires

©Mozaïk RH
Le difficile accès à l'emploi des jeunes des quartiers populaires
Entre imaginaire collectif qui associe les banlieues aux voitures qui brûlent et craintes suscitées par l’éloignement géographique du candidat (temps de transport allongé, grèves ou avaries fréquentes), les recruteurs sont réticents à embaucher des jeunes de quartiers.
De leur côté, les jeunes des quartiers populaires, même bardés de diplômes, accumulent les handicaps : manque de confiance en soi et autocensure ("ils ne me prendront pas de toute façon"), éloignement des structures d'aides et d'accueil, manque de réseaux, ils se retrouvent isolés. A diplôme, sexe, origine et nationalité identiques, un jeune de ces quartiers met 18 mois à trouver un emploi contre 6 mois pour un jeune d'un quartier non estampillé "populaire".
"Sur le terrain, on valide ce constat"
Lorsqu’un jeune, pour 200 candidatures envoyées, n’a obtenu qu’un seul entretien, on valide malheureusement ce constat. Les ressources humaines ont peur des candidats aux profils différents, cela constitue une prise de risque que de puiser dans un vivier différent de leur réseau habituel. Les entreprises y perdent pourtant en créativité ! |
Mozaïk RH : favoriser la rencontre entre les entreprises et les jeunes des quartiers populaires
Face à ce double constat, les actions pour favoriser l’embauche dans les quartiers se sont multipliées. C’est le cas avec Mozaïk RH, un cabinet de recrutement et de conseils en ressources humaines à but non lucratif. Une véritable agence de chasseurs de tête dans les cités qui opère, en Ile-de-France et en Rhône-Alpes, un double travail : coaching de candidats de la banlieue parisienne et lyonnaise et sensibilisation à la diversité dans les entreprises.
Leur objectif : restaurer l'égalité des chances et faire évoluer les représentations et les préjugés qui influencent, consciemment ou inconsciemment, les recruteurs.
Le cabinet s’intéresse à un profil particulier : les diplômés du supérieur (bac + 2 à bac + 5, voire plus). En effet, plus l’emploi est qualifié, plus la discrimination semble forte. Au cœur de ces zones dites sensibles, on compte 2 fois plus de chômage chez les diplômés de l’enseignement supérieur que chez leurs homologues d’autres quartiers.
Mettre en avant les compétences
Mozaïk RH présélectionne, évalue et présente ces jeunes aux entreprises partenaires du cabinet. Cela peut être pour des postes en CDI, en CDD mais aussi pour des stages de fin d'études ou encore des contrats en alternance. L'évaluation des candidats est réalisée par des consultants en ressources humaines qui identifient leurs compétences et leur apportent des conseils afin qu'ils puissent donner le meilleur d'eux-mêmes en entretien.
Les jeunes peuvent bénéficier d'ateliers collectifs, de séances de coaching individuel ou encore de séances de "média training" assurées par des professionnels de la communication. Il s'agit de restaurer l'estime de soi, souvent mise à mal par les périodes de chômage et mettre en valeur leurs potentiels pour leur permettre d'avoir de meilleures chances sur le marché de l'emploi.
"Les jeunes femmes se disqualifient beaucoup plus"
Nous proposons le programme "PasserElles" : il s’adresse en particulier aux jeunes femmes qui sont en début de carrière. En effet, c’est à ce moment que beaucoup d’entre elles se disqualifient en acceptant des postes de secrétaires alors qu’elles ont bac+5. Les jeunes femmes se disqualifient beaucoup plus. Nous les aidons dans leur technique de recherche d’emploi. Elles sont toutes suivies par un coach que nous payons. Pour elles, tout est gratuit. Notre taux d’insertion suite à ce programme est excellent : 80% d’entre elles décrochent un travail à hauteur de leur diplôme et de leurs compétences au bout de 6 mois. Alors que la moyenne lorsqu’on vient d’un quartier populaire est de 18 mois. Nous réussissons donc à gommer cet effet quartier. |
Ouvrir les entreprises à la diversité
Pour faire entrer de plain-pied les diplômés des quartiers populaires dans le paysage de l’emploi, le cabinet de recrutement a décidé de les faire passer par la grande porte. Mozaïk RH place les jeunes dans les grandes entreprises du CAC 40 tels que Engie, SFR ou le Crédit Agricole. Il s'appuie sur un réseau de partenaires et de fondations prestigieux. En 8 ans d'activité, Mozaïk RH a accompagné 11 000 candidats débouchant sur 3 000 recrutements de jeunes diplômés et profils expérimentés.
L'objectif est de créer un effet "vertueux" : la promotion de la diversité doit sonner comme un atout. Elle renouvelle les compétences, la créativité et donne un nouveau souffle aux valeurs humaines des entreprises. En proposant des jeunes à des postes à responsabilité dans des grands groupes, le cabinet souhaite ainsi rendre visible le potentiel de ses candidats.
"Il y a une réelle prise de conscience mais cela ne va pas assez vite"
Des politiques de la diversité ont été mises en place, tout comme les politiques en faveur des handicapés. Il y a une réelle prise de conscience mais cela ne va pas assez vite et elle est assez inégale. Des entreprises se sont vraiment emparées du sujet et aujourd’hui pour elles cela va de soi de mener une telle politique en faveur des jeunes issus des quartiers. Mais pour d’autres c’est encore compliqué et elles ont beaucoup de retard sur ce sujet. Dans les PME, cela va dépendre aussi de la sensibilité de la direction ou des ressources humaines, et en fonction elles vont s’investir sur ces questions…ou pas. |
Emploi et discrimination : ce que dit le Code du travail
Toute décision de l’employeur (embauche, promotion, sanctions, mutation, licenciement, formation…) doit être prise en fonction de critères professionnels et non sur des considérations d’ordre personnel, fondées sur des éléments extérieurs au travail.
Personne ne peut être écarté d'une procédure de recrutement en raison de :
- son sexe, ses mœurs, son orientation sexuelle, son situation de famille, sa grossesse,
- son appartenance ou non appartenance (réelle ou supposée) à une ethnie, une nation ou une race, son nom de famille, son lieu de résidence, ses caractéristiques génétiques, son origine géographique,
- ses opinions politiques, ses activités syndicales ou mutualistes, ses convictions religieuses,
- son âge, son apparence physique, son état de santé ou son handicap (sauf inaptitude constatée par le médecin du travail).
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Sur le web
- Observatoire des inégalités
- La protection contre les discriminations à l'embauche sur le site du Ministère du Travail